Communautés de paroisses Gourin (Le Saint Roudouallec)-Langonnet (Plouray La Trinité Langonnet)
Gourin (Le Saint Roudouallec)-Langonnet (Plouray La Trinité Langonnet)

Chapelle Sainte Marie Magdeleine

Au premier regard elle surprend par son chœur polygonal de la fin du XVIIe siècle plus haut que la nef et que l’unique bras Sud. Cela témoigne peut-être d’un projet inachevé de reconstruction de l’édifice dont la nef semble dater du XVIe siècle. A quelques mètres de la chapelle, au Sud, un très vieil if, « l’arbre des cimetières », marque probablement l’emplacement des sépultures des lépreux et de leurs descendants.

En Bretagne les chapelles dédiées à sainte Magdeleine avant le XVIIe siècle sont d’anciennes chapelles de « maladreries » c’est-à-dire de léproseries. Marie-Magdeleine est la patronne des exclus, comme les lépreux et leurs descendants qui au Moyen-Age sont mis à l’écart de la société. Dans d’autres régions les maladreries portent le nom de saint Lazare ; les évangiles citent deux Lazare, le frère de Marthe et de Marie que Jésus ramène à la vie, et un pauvre couvert d’ulcères dans la parabole du pauvre et du riche..

La recrudescence de la lèpre est attestée aux XIIe et XIIIe siècles, peut-être ramenée par les croisés et les pèlerins de Terre Sainte. Les maladreries apparaissent alors pour regrouper les lépreux autour d’un hôpital très sommaire, d’une chapelle et d’un cimetière (seule exception à l’obligation d’un seul cimetière par paroisse). L’exclusion frappe les lépreux et leurs descendants car on ne s’explique pas alors les modalités de la transmission de cette maladie. On les appelle tous les caqueux ou caquins en français et kakou (kakerien) en breton. Les hospitaliers de saint Jean de Jérusalem (devenus plus tard les chevaliers de Malte) protègent les maladreries car ils ont pour vocation de venir en aide aux malades et aux pèlerins. Au XVe siècle la lèpre recule, les maladreries s’ouvrent aux indigents et aux pèlerins de passage. Cependant les descendants des lépreux ont toujours obligation de vivre à proximité des maladreries. Pour leur assurer une autonomie financière, les ducs de Bretagne leur imposent le métier de cordier. Les dernières maladreries disparaissent en tant que telles au cours des XVIe et XVIIe siècles, seules quelques chapelles sont préservées devenant chapelles de quartier comme à Langonnet.

Dans la chapelle, si l’on excepte la statue de la Vierge à l’enfant (XVe siècle), les quatre plus vieilles statues (XVIe) rappellent la maladrerie ; Statue de sainte Magdeleine bien sûr mais aussi de saint Jean-Baptiste, patron des hospitaliers, de saint Jean dont la « croix de Malte » orne l’autel , saint Roch invoqué contre les épidémies apparaît en pèlerin, une coquille Saint Jacques sur son chapeau comme les pèlerins de Compostelle. On pourrait se demander pourquoi saint André est là sur sa croix. Cet ancien pêcheur du lac de Tibériade, est un des patrons des pêcheurs mais en Bretagne surtout patron des cordiers (à cause des filets ?). La chapelle a conservé deux pardons, un fin juillet dédié à sainte Magdeleine et l’autre fin novembre dédié à saint André. Ainsi cette chapelle de Langonnet garde silencieusement le souvenir des lépreux et de leurs descendants, les cordiers qui habitèrent ce lieu pendant plusieurs siècles.

Le pardon que le comité préserve avec persévérance, a lieu l’avant dernier dimanche de juillet.


Pardon 2018


Photos de 2017